Baisse de TVA à 5,5% pour les panneaux solaires : installer maintenant ou attendre octobre ?
Dès octobre 2025, la TVA sur les installations photovoltaïques jusqu’à 9 kWc va baisser à 5,5%, contre 10% ou 20% aujourd’hui selon les cas. Une réforme qui sera mis en place pour favoriser l’autoconsommation dans les foyers. Une annonce qui arrive dans un contexte tendu, puisque depuis le 17 mars 2025, les tarifs de la prime à l’autoconsommation et du rachat du surplus ont été revu à la baisse. On pourrait se dire qu’attendre la TVA à 5,5% devrait venir contrebalancer ce manque à gagner, mais le calcul n’est pas aussi facile.
Dans cette étude, on va décrypter au peigne fin tous les facteurs et hypothèses à prendre en compte pour essayer de se faire une réelle idée.
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Attendre à tout prix la baisse de TVA à 5,5% n’est pas une bonne idée dans l’ensemble des cas.
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Pour des installations de 3 kWc, la situation pourrait être plus avantageuse financièrement si l’installation est faite aujourd’hui.
- Pour des installations de 6 kWc, il faut surveiller comment évolue le marché suivant les différents facteurs influant.
- Pour les installations supérieures à 6 kWc ou avec batterie, l’attente de la TVA à 5,5% est avantageux financièrement.
Ce que change réellement la baisse de TVA à 5,5 %
Quelles installations sont éligibles ?
La baisse de la TVA à 5,5 % concerne uniquement les installations photovoltaïques d’une puissance inférieure ou égale à 9 kWc. Cela inclut la majorité des projets de particuliers en autoconsommation, qui représentent plus de 90 % du marché résidentiel en France.
L’objectif de cette mesure est de supprimer la distinction fiscale entre les projets ≤ 3 kWc (TVA à 10 %) et ceux au-delà, actuellement soumis à 20 %, et ainsi éviter les sous-dimensionnements qui nuisent à la rentabilité des installations.
À quelles conditions peut-on en bénéficier ?
Pour bénéficier du taux de TVA réduit à 5,5 %, deux conditions doivent impérativement être réunies :
Le devis doit être daté à partir du 1er octobre 2025. Les projets signés avant cette date ne pourront pas en bénéficier, même si la pose a lieu après.
L’installation doit être équipée d’un système d’autoconsommation avancé, c’est-à-dire :
soit d’un dispositif de stockage par batterie,
soit d’un système de pilotage énergétique (type Energy Management System), qui permet de synchroniser les usages (chauffage, eau chaude, borne de recharge, etc.) avec la production solaire.
Cette deuxième obligation est en corrélation avec la volonté de l’état de maximiser l’autoconsommation des foyers français.
Votre installation doit bien évidement être faite par un installateur certifié RGE.
Une mesure qui arrive dans un contexte compliqué
Si la baisse de la TVA est une bonne nouvelle sur le papier, elle intervient dans un moment délicat pour le secteur solaire résidentiel.
Depuis début 2025, les aides à l’autoconsommation sont en nettes diminutions, que ce soit les primes à l’installation ou le tarif de rachat de l’électricité injectée, passé de 0,12 €/kWh à seulement 0,04 €/kWh pour les installations jusqu’à 9 kWc.
Cette diminution de TVA pourrait même marquer un tournant plus large dans la politique de soutien au solaire, en venant remplacer progressivement les aides existantes. En clair : une fiscalité allégée en échange de la suppression des primes.
Dans ce contexte, attendre octobre en espérant y gagner peut s’avérer risqué, surtout si les aides disparaissent totalement d’ici là.
Installation maintenant ou en octobre ? L’arbitrage économique
Impact chiffré de la TVA sur différents projets
Pour y voir plus clair, nous avons réalisé un comparatif des économies liées à la baisse de TVA avec et sans batterie, en y intégrant une hypothèse de disparition des aides à l’autoconsommation.
Un moyen concret d’évaluer si l’attente jusqu’en octobre est réellement intéressante, selon les cas.
Impact de la TVA pour une installation sans batterie :
| Puissance | 3 kWc | 6.5 kWc | 9 kWc | 9.5 kWc |
|---|---|---|---|---|
| Coûts TTC < 01/10/2025 | 6 500 € | 12 000 € | 15 012 € | 15 240 € |
| Coûts HT | 5 910 € | 10 000 € | 12 510 € | 12 700 € |
| Coûts TTC > 01/10/2025 | 6 235 € | 10 550 € | 13 198 € | 15 240 € |
| Coût système EMS | 150 € | 150 € | 150 € | Non |
| Gain | 115 € | 1 300 € | 1 664 € | 0 € |
| Prime Autoconsommation | 240 € | 520 € | 720 € | 1 805 € |
| Gain si arrêt de la prime | -90 € | 780 € | 944 € | -1 805 € |
Comme ajouté dans le tableau, l’obligation d’intégrer un système de pilotage énergétique pour bénéficier de la TVA réduite engendre une dépense supplémentaire minimale estimée à 150 €. Un coût à ne pas négliger, car il vient réduire mécaniquement le gain réel attendu, notamment sur les petites installations.
Impact de la TVA pour une installation avec batterie :
| Puissance | 6.5 kWc 7 kWh Batterie |
9 kWc 7 kWh Batterie |
9.5 kWc 7 kWh Batterie |
|---|---|---|---|
| Coûts TTC < 01/10/2025 | 18 000 € | 20 892 € | 21 060 € |
| Coûts HT | 15 000 € | 17 410 € | 17 550 € |
| Coûts TTC > 01/10/2025 | 15 825 € | 18 367 € | 21 060 € |
| Gain | 2 175 € | 2 525 € | 0 € |
| Prime Autoconsommation | 520 € | 720 € | 1 805 € |
| Gain si arrêt de la prime | 1 925 € | 1 805 € | -1 805 € |
Les projets supérieur à 3 kWc et les installations avec batterie restent globalement plus intéressants à attendre, car :
Le gain sur la TVA s’applique sur un montant plus élevé.
La revente de surplus n’existe presque plus sur les installations avec batterie, donc les variations de tarif n’influent pas.
À l’inverse, pour un projet inférieur à 3 kWc, l’intérêt d’attendre est bien plus faible : la TVA est déjà réduite à 10 %, et l’écart de gain devient marginal voire négatif si les primes venaient à disparaitre.
Tous ces facteurs sont chiffrables, mais il reste beaucoup d’hypothèses plus compliquées à quantifier qui peuvent faire varier le prix d’installation, et que l’on va voir dans la prochaine partie.
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Les effets cachés de l’attente : un choix à double tranchant
Cette situation tendue risque de freiner les installations dans les mois à venir, ce qui pourrait aggraver encore le contexte. Moins d’installations aujourd’hui, c’est plus de pression en octobre, au moment où tout le monde voudra lancer son projet en même temps.
Résultat : un marché saturé, déséquilibré, et potentiellement encore plus coûteux au moment de sa reprise.
Hausse des prix des panneaux : une tendance déjà amorcée
Après plusieurs années de baisse continue, le prix moyen des panneaux solaires a commencé à remonter depuis début 2025. Une inversion de tendance due à plusieurs facteurs :
Les fabricants ont vendu à prix cassés pendant de longs mois pour écouler leurs stocks.
Les marges devenues trop faibles les poussent aujourd’hui à rehausser leurs tarifs pour retrouver un équilibre économique.
Le coût des matières premières (silicium, aluminium, cuivre) et les tensions logistiques mondiales redeviennent un facteur de pression.
Mais surtout, si le marché résidentiel ralentit fortement pendant 6 à 7 mois, de nombreux fabricants vont tourner au ralenti, voire en déficit. Ils seront donc contraints d’augmenter leurs prix dès l’automne pour compenser cette période creuse, au moment même où la demande repartira à la hausse.
Autrement dit, attendre octobre pour « économiser sur la TVA » pourrait aboutir à acheter plus cher, car les prix du matériel auront été réajustés à la hausse, même s’il est dur de réussir à quantifier cette hausse.
Depuis le début du mois, nous avons déjà été notifié de la hausse du prix des panneaux par nos fournisseurs, notamment sur les différentes gammes de chez DualSUN.
Les installateurs sous tension : vers une hausse de la main-d’œuvre
Ce ralentissement temporaire du marché va aussi se faire ressentir sur les installateurs.
Si ce scénario se confirme, les installateurs pourraient traverser plusieurs mois d’activité en demi-teinte, ce qui mettrait en difficulté une partie de la filière, en particulier les petites structures, certains pouvant ne pas survivre à ce creux d’activité prolongé. Mais au final, ces difficultés vont se répercuter sur le client :
Un pic de demande brutal en fin d’année, inversant le rapport offre/demande.
Une hausse des prix pour contrer le manque à gagner de plusieurs mois.
Une adaptation des prix calqué sur la hausse des prix des fournisseurs.
Tous ces facteurs difficilement quantifiables pourraient clairement pousser vers une hausse des prix des installations en fin d’année. Cela pourrait alors neutraliser voir dépasser les gains espérer sur l’attente de réalisation des projets.
Ces possibilités ne reflètent que notre interprétation en interne du marché. Ils ne sont pas quantifiables et garanties à 100%, mais méritent d’être pris en compte dans la réflexion de réalisation de son projet solaire.
Avec la baisse du marché, certains installateurs seront contraints de fermer boutique. Ce qui rendra le marché encore plus tendu à sa reprise en octobre.
Le temps d'attente : rien n'est économisé
Dans la réflexion autour de la TVA réduite, un point est souvent oublié : le temps d’attente ne génère aucune économie. Pendant les mois où le projet est reporté, aucune production solaire n’est réalisée, et donc aucune baisse de facture d’électricité.
Mais surtout, si les aides disparaissent entre-temps, c’est une source de revenus long terme que l’on perd définitivement. Même si la revente n’est plus très rémunératrice, elle représente tout de même plusieurs centaines à quelques milliers d’euros sur 20 ans.
En d’autres termes, chaque mois sans installation, c’est le seuil rentabilité qui s’éloigne.
En moyenne, sur une installation de 3 kWc dans le Sud de la France, c’est 280 euros économisés en 5 mois seulement !
Nos deux études de cas
Pour mettre en pratique ces chiffres, nous allons créer deux cas pratiques pour 3 kWc et 6 kWc.
Les données de base :
Installation à Montpellier = 1400 kWh/kWc
Une augmentation des équipements de 5% en octobre
Un prix d’installation qui augmente de 10% en octobre
Un taux d’autoconsommation à 60 %
Le 3 kWc
Télécharger le tableau Excel:
Sur les quatre scénarios testés, un seul rend l’attente plus rentable :
Celui où les prix n’augmentent pas et les aides sont maintenues.
Dans ce cas, le projet d’octobre revient 115 € moins cher qu’en mai. Mais ce gain reste théorique, car il ne prend pas en compte les économies que permet une installation plus tôt.
En installant en mai, on commence à produire immédiatement, ce qui représente environ 268 € d’économies sur les 5 mois précédant octobre (grâce à l’autoconsommation et au surplus revendu).
Au final, ce bénéfice immédiat efface totalement l’avantage de la TVA réduite, et rend même le projet plus rentable sur l’année si on agit sans attendre.
Le 6 kWc
Télécharger le Excel:
À première vue, le cas du 6 kWc semble plus favorable à l’attente que celui du 3 kWc, notamment à cause de la TVA actuelle qui est de 20 %. Passer à 5,5 % représente donc un gain bien plus important.
Mais une fois les scénarios détaillés, la réalité est plus nuancée.
🔹 Cas n°1 : si les prix augmentent de 10 % d’ici octobre et les aides disparaissent.
Le projet installé maintenant coûte 11 020 € (aides incluses).
Le même projet en octobre coûterait 10 791 €, soit seulement 229 € d’écart, malgré la TVA réduite.
Sauf qu’en installant dès maintenant, on commence à produire et on économise 539 € en 5 mois. L’attente est perdante : on paie à peu près le même prix, mais on rate plusieurs mois d’économies immédiates. De plus c’est une perte de 2 680 euros avec la revente du surplus qui disparait.
🔹 Cas n°2 : si les prix ne bougent pas et que les aides restent
Le projet en octobre revient à 9 780 €, soit 1 240 € de moins qu’en mai.
Ce scénario est clairement en faveur de l’attente, sur le plan du coût pur. Mais là encore, les 539 € d’économies générées entre mai et octobre viennent combler une grosse partie de l’écart, et surtout : ce scénario reste très incertain.
🔹 Cas n°3 : Si les aides disparaissent et que les prix ne bougent pas
Le projet en octobre monte à 10 260 €, donc seulement 760 € d’écart avec une installation immédiate.
- Et là encore, les économies sur 5 mois compensent les ⅔ de cette différence.
- Mais surout il y a encore la perte de 2 680 euros de revente sur 20 ans.
Ce que l'on conseil chez Darver Energie
Ne pas se laisser piéger par une vision à court terme
La baisse de TVA à 5,5 % peut sembler, à première vue, une opportunité immanquable. Mais elle ne doit pas masquer l’ensemble des paramètres. Le contexte compliqué du photovoltaique actuel va très certainement faire monter les prix à la reprise de l’activité en octobre.
Et il y a une réelle perspective ou les aides devraient disparaitre en même temps que la baisse de TVA. Ce qui parait logique dans la vision de l’Etat, de ne pas dépenser plus d’argent pour aider la filière du photovoltaïque, mais surtout d’inciter à mieux autoconsommer son énergie solaire.
Prendre une décision en fonction de son projet
Comme le montrent nos comparatifs, la baisse de la TVA n’est pas systématiquement avantageuse. Tout dépend de la taille du projet et de l’évolution du marché d’ici octobre :
Sur un projet de 3 kWc, le gain potentiel est faible et peut être entièrement absorbé par les économies générées sur quelques mois si l’installation est faite dès maintenant.
- Sur un 6 kWc, l’écart de prix est plus important en théorie, mais fortement conditionné à la stabilité des aides et à une absence totale de hausse des prix, deux hypothèses incertaines.
Pour résumer, il n’y a pas de bon ou mauvais choix. L’intérêt d’attendre ou non dépend directement de votre projet : sa taille, sa configuration (batterie ou non), et vos objectifs (rentabilité, autonomie, long terme…).
Notre équipe est à votre disposition pour vous aiguiller et vous aider dans votre projet solaire. Contactez nous pour en parler !